10 à 12 ans d'attente pour un logement social dans le grand Paris

Publié le par CNL-Nanterre

Malakoff (Hauts-de-Seine), le 21 octobre 2021. Michel Leprêtre, président PCF du Grand Orly Seine Bièvre, Jacqueline Belhomme, maire PCF de Malakoff, et Patrick Jarry, président de la commission logement au sein de la métropole, ont annoncé vouloir se mobiliser. LP/David Livois

 

Patrick Jarry maire de Nanterre, Jacqueline Belhomme maire de Malakoff, Michel Leprêtre maire de Vitry-sur-Seine alertent sur le délai d'obtention d'un logement social.

Article du Parisien libéré du 21 octobre

Dix ans. Voilà le temps moyen à attendre, sur le territoire de la métropole du Grand Paris (MGP), pour obtenir un logement social. Un délai qui pourrait encore s’allonger sans le lancement de programmes de construction. D’où l’appel à la mobilisation lancé par 95 élus de la MGP qui organisent, le 10 novembre, un grand rassemblement devant le ministère du Logement. Une façon de tenter d’imposer, à quelques mois de l’élection présidentielle, cette question sensible dans le débat public.

Car selon les élus du Front de gauche à l’origine de cette mobilisation, il y a urgence. « Nous sommes dans une situation catastrophique et il est temps de secouer le cocotier, s’est d’emblée indigné Patrick Jarry, maire (DVG) de Nanterre et président de la commission logement au sein de la MGP, lors d’une conférence de presse organisée ce jeudi à la mairie de Malakoff (Hauts-de-Seine). Nous avons enregistré, le 31 décembre dernier, 743 000 demandes contre 400 000 en 2010. Or l’an dernier, seuls 60 000 logements ont été attribués. À ce rythme, nous sommes sur des délais d’attente de dix ou douze ans. C’est tout simplement inacceptable. »

Et pour ceux qui recherchent un toit, opter pour le privé apparaît inenvisageable. « Les prix constituent un obstacle quasi infranchissable, regrette Patrick Jarry, qui siège par ailleurs à la commission pilotée par François Rebsamen pour la relance durable de la construction de logements. En ce qui concerne le logement dit abordable, ils ont tout simplement augmenté de 26,46 % en cinq ans. »
 

Pour corriger le tir, l’ensemble des élus du Front de gauche ont élaboré une série de propositions qu’ils formuleront lors du rassemblement du 10 novembre. Parmi elles : l’augmentation de l’aide à la pierre pour diminuer les loyers dans le neuf, le vote d’une loi interdisant la spéculation foncière, l’obligation de construire 30 % de logements sociaux dans toute nouvelle construction immobilière, l’encadrement des loyers du privé, l’augmentation des taxes sur les logements vacants ou encore la pérennisation du fonds d’aide à la dépollution, indispensable pour se réapproprier certaines réserves foncières.

« 55 millions de mètres carrés de bureaux, et 10 % sont libres »

Des mesures parfois appliquées localement, comme à Malakoff, où la maire (PCF) Jacqueline Belhomme fait déjà signer une charte aux promoteurs. « On les oblige, pour toute construction supérieure à 1 500 mètres carrés habitables, à introduire 30 % de logements sociaux, explique l’élue qui, avec son conseil municipal, a aussi fixé un plafond du prix du foncier à 6 500 euros du mètre carré. Et dans une très large majorité, les promoteurs jouent le jeu. »

Ce jeu, les 95 élus de la MGP souhaiteraient désormais que tout le monde le joue. Le gouvernement, à qui il reproche d’avoir asséché les caisses des bailleurs sociaux et d’être arrivé au pouvoir sans réelle politique de logement ; mais aussi les collectivités, comme les départements et la région Ile-de-France, où l’on coupe les aides financières aux villes qui comptent une part trop importante de logements sociaux. « Tout le monde doit prendre sa part, insiste Michel Leprêtre, président PCF du Grand Orly Seine Bièvre, taclant au passage les communes qui ne respectent pas la loi SRU. Il ne doit pas y avoir de ville qui refuse le logement social par idéologie. »

Pour l’élu de Vitry-sur-Seine, comme pour Patrick Jarry, une partie de la solution réside peut-être dans les réquisitions de bâtiments de bureaux vacants. « On compte, sur toute l’Île-de-France, près de 55 millions de mètres carrés de bureaux et environ 10 % sont libres, calcule Patrick Jarry. Tout ne pourra pas être transformé en logement mais c’est un sujet sur lequel on doit travailler tous ensemble. » Les maires et élus de l’aire métropolitaine réclament enfin le relèvement des plafonds d’accès au logement social. « On a besoin d’infirmières pour nos hôpitaux, d’enseignants pour nos écoles et de salariés pour nos commerces, observe Patrick Jarry. Et il est anormal de ne pas pouvoir proposer de solution de logements à ces gens au cœur de la métropole. »

 
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